Perception de la saveur amères
Diversité chimique des molécules amères

La capacité à percevoir et éviter les molécules amères relève d’un mécanisme ancestral qui vise à nous protéger contre l’ingestion d’aliments toxiques. C’est pour cette raison que les molécules amères sont le plus souvent aversives. Il existe un grand nombre de molécules amères qui sont chimiquement très diverses (Figure 8) parmi lesquelles des peptides, des acides aminés, des sels (KCl), des édulcorants (comme la saccharine ou le stévioside) et de nombreux alcaloïdes dont certains sont des poisons violents (la strychnine, par exemple). Il faut noter cependant qu’il n’y a pas de lien évident entre l’amertume et la toxicité d’un composé : certaines molécules à saveur amère, loin d’être toxiques, peuvent avoir des vertus bénéfiques pour notre santé.
Les molécules amères que l’on trouve dans la nature ont principalement une origine végétale mais elles peuvent aussi être produites par des champignons ou des micro-organismes (par exemple, le chloramphénicol, antibiotique isolé pour la première fois dans une culture de bactéries Streptomyces venezuelae, a un goût amer). De nombreuses molécules de synthèse ont un goût amer très puissant. C’est le cas du benzoate de dénatonium qui est détecté à un seuil de détection très faible (0,000000035 mol.L-1). Ce composé non toxique est utilisé dans des cosmétiques, alcools à usage domestique ou des engrais comme agent dénaturant ou aversif pour éviter l’ingestion de ces produits.
Toutefois, de nombreux composés amers peuvent aussi être appréciés dans notre alimentation, comme ceux à l’origine de la légère amertume du chocolat, de la roquette ou de certaines boissons à base d’extraits de plantes.